Cancer colorectal, les actions de prévention pour agir

Le cancer colorectal1 est le 3ème cancer le plus fréquent en France et le 2ème en termes de mortalité, ce qui fait de le France l’un des pays d’Europe où l’incidence du cancer colorectal est la plus élevée pour les deux sexes. Après avoir augmenté régulièrement depuis les années 80, l’incidence semble ralentir depuis 2005.

Chaque année, environ 17 000 décès sont imputables à ce cancer (estimations 2011), mais la mortalité a régulièrement diminué grâce aux stratégies de prévention et de dépistage précoce. En effet, il est tout à fait possible de prévenir l’apparition d'un cancer ou encore de détecter une tumeur très tôt afin d’avoir de meilleures chances d’en guérir.

C’est dans ce cadre que Mars bleu a été désigné comme le mois de la mobilisation contre le cancer colorectal, piloté par le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer (Inca).

Chaque année, cet évènement national constitue un temps de mobilisation forte pour sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à l’importance de la prévention et du dépistage précoce du cancer du côlon et du rectum, afin d’éviter de développer la maladie ou de pouvoir mieux la soigner et rendre les traitements moins lourds vu qu’un cancer colorectal détecté tôt est guéri dans 9 cas sur 10 2.

I. Prévenir grâce aux actions de dépistage

Mars Bleu est un rendez-vous annuel qui a lieu pendant tout le mois de mars. Il s'agit d'un mois de sensibilisation au dépistage des cancers colorectaux. Si le dépistage n'évite pas les cancers, il permet d'établir un diagnostic précoce.

Il consiste en la réalisation d'un test immunologique 3 rapide et indolore qui vise à déceler la présence de sang humain dans les selles.

En effet, certains polypes ou cancers provoquent des saignements souvent minimes et donc difficiles voire impossibles à détecter à l'œil nu.

Ce test totalement pris en charge par l’Assurance Maladie, est à réaliser chez vous, consiste à prélever un échantillon de selles et à l'envoyer au laboratoire de biologie médicale.

Deux cas de figure se présentent par la suite :

  • Votre résultat est négatif : cela signifie qu'aucun saignement pouvant témoigner de la présence d'un cancer ou de lésions précancéreuses n'a été détecté au moment du test.
  • Votre résultat est positif : cela ne signifie pas que vous avez un cancer mais que du sang a été détecté dans vos selles.Pour en identifier l'origine, votre médecin vous adressera à un gastroentérologue afin qu'il réalise une coloscopie : cet examen permet de déceler la présence éventuelle de polypes et de les retirer avant qu'ils ne se transforment en cancer.

Si un polype a déjà évolué en cancer, plus on le détecte tôt, plus les chances de guérison sont importantes. Dans plus de la moitié des cas, la coloscopie ne décèle aucune anomalie. Elle détecte un polype dans 30 à 40 % des cas et un cancer dans 8 % des cas.

II. Prévenir en agissant au quotidien

Pour réaliser une prévention efficace, il est essentiel de limiter les causes du cancer du côlon, notamment dans le domaine de l'alimentation et des habitudes de vie.
De façon générale, on estime qu'en changeant son mode de vie et en adoptant les recommandations suivantes, on diminue considérablement le risque de développer un cancer colorectal.

1. L’alimentation4

Les études prospectives et les méta-analyses publiées entre 2010 et 2013 confirment les conclusions de l’expertise du WCRF/AICR5 parue en 2011 sur les liens entre cancer colorectal et consommations alimentaires.

Viandes rouges, viandes transformées et cancer colorectal

Le terme « viandes transformées » inclut principalement les charcuteries (jambons, saucissons. . .) à base de porc et de bœuf.
Le rapport du WCRF/AICR 2011 a considéré un niveau de preuve convaincant pour l’augmentation de risque de cancer colorectal associée, d’une part, à la consommation de viandes rouges et, d’autre part, à celle de viandes transformées.

La relation avec les viandes rouges est jugée comme étant de type dose-réponse avec un risque augmenté de 17 % pour 100 g/j de viandes rouges.

La relation avec les viandes transformées est également de type dose-réponse avec une augmentation du risque de 18 % pour 50 g/j de viandes transformées.

Lait et produit laitiers

Le rapport du WCRF/AICR de 2011 a conclu à une diminution du risque de cancer colorectal liée à la consommation de lait avec un niveau de preuve probable. La méta-analyse a montré un risque réduit de 9 % pour chaque consommation de 200 g/j de lait.

Produits végétaux, légumes et fruits

Les données sont en faveur d’une réduction de risque du cancer colorectal associée à la consommation de fruits et légumes. Les travaux ont montré une réduction du risque modeste de 3 % pour 100 g/j, qui reste significative chez les hommes uniquement (4 % de baisse de risque pour 100 g/j).

L’effet des fruits pourrait provenir de leur teneur en fibres, antioxydants, vitamines, minéraux, et autres composés bioactifs (flavonoïdes, caroténoïdes, polyphénols, indoles. . .) susceptibles de favoriser l’activité des enzymes détoxifiantes et de réduire le stress oxydatif et l’inflammation.

Produits céréaliers complets et fibres

L’apport en fibre est considéré comme étant un facteur contribuant à la diminution du risque du cancer colorectal (CCR).

En effet, les données du WCRF/AICR ont observé une réduction du risque de 10 % pour 10 g/j de fibres. Ces résultats se sont retrouvés significatifs pour le cancer du côlon uniquement. En étudiant l’origine des fibres, les travaux de méta-analyses du WCRF/AICR ont montré une réduction de 10 % du risque de CCR associée aux fibres des céréales.

La consommation de 3 portions de produits céréaliers complets est associée à une réduction de 21 % du risque.

2. La consommation d’alcool et de tabac6 

Les études réalisées ont prouvé une augmentation de risque avec la consommation de boissons alcoolisées avec un niveau de preuve solide chez les hommes et probable chez les femmes. Cette relation est de type dose-réponse avec une augmentation significative du risque de CCR de 10 % pour 10 g/j d’alcool, 11 % chez les hommes et 7 % chez les femmes.

Pour le tabac, la société américaine de lutte contre le cancer d'Atlanta, a montré que 12% des décès par cancer colorectal seraient attribuables au tabac. Ce résultat provient d'une étude prospective initiée en 1982 à partir de 312 000 hommes et 469 000 femmes tabagiques.

L'évaluation des risques en termes de pathologie colorectale, montre un excès de mortalité quel que soit le sexe, avec toutefois une répercussion légèrement plus importante chez les femmes. Les sujets ayant arrêté de fumer ont un risque intermédiaire. Cette analyse montre également que la mortalité due à ce cancer apparaît plus fortement après 20 ans d'habitudes tabagiques .

3. L’activité physique 7

Le cancer colorectal est le cancer pour lequel il existe le plus grand nombre d’évidences sur l’effet bénéfique de l’activité physique (AP). En effet, sur les 51 études portant sur le cancer du côlon et le cancer colorectal, 43 ont démontré une diminution du risque chez les sujets ayant l’AP la plus intense avec une « réduction moyenne de 40 à 50 % ».

Sur les 29 études ayant recherché un effet dose réponse, 25 ont démontré qu’une augmentation du niveau d’AP était associée à une diminution du risque. Cet effet protecteur de l’AP pour le cancer du côlon n’est en revanche pas retrouvé pour le cancer du rectum. Enfin, l’effet protecteur de l’activité physique est indépendant de la nutrition.

Mot de la fin

 La modification simple des habitudes alimentaires, associée à la réduction de la sédentarité, du surpoids et de l’obésité, du tabagisme, à l’augmentation de l’activité physique, et à la pratique du dépistage devraient permettre de réduire considérablement le poids du cancer colorectal en France et éviter les prises en charges thérapeutiques lourdes.

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