Demain, la prévention …

professeur Chabot

Notre Expert : Pr Jean-Michel CHABOT

Jean-Michel Chabot est médecin et Professeur de santé publique. De 2010 à 2017, il a été conseiller médical de la Présidence de la HAS et membre de la Commission nationale des études de santé (CNES). De 2002 à 2004, il avait été conseiller au cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattéi après avoir été secrétaire de la conférence des Doyens de médecine de 1998 à 2002. Actuellement, il poursuit son activité aux comités de rédaction de la Revue du Praticien et du Concours Pluripro.

La pandémie Covid et ses vagues successives qui ont concerné la planète entière depuis près de deux années a relancé le vieux débat sur l’utilité de la prévention.

Rappelons que cette prévention consiste avant tout à appliquer des mesures ou adopter des comportements qui permettent dans une large mesure d’empêcher la survenue d’une maladie. A l’évidence, cette prévention se situe à l’échelon individuel ; chacun est donc concerné pour elle ou lui-même. Mais on pressent tout autant que la somme des engagements individuels se traduit par des bénéfices pour la collectivité toute entière.

Cette prévention est réputée depuis des années être le parent pauvre de notre système de santé ; l’analyse des dépenses de santé le confirme. Cela tient au formidable développement des possibilités thérapeutiques depuis plus de 50 ans ; il en a résulté un système principalement orienté vers le curatif. On peut y ajouter les polémiques persistantes - et la défiance qui en découle – sur la vaccination pour mesurer les obstacles à franchir pour, enfin, valoriser et s’engager dans la prévention.

C’est précisément ce travail de valorisation qu’ont entrepris ces derniers mois plusieurs groupes d’experts (incluant des représentations de patients) ou de professionnels de la santé ¹afin de préparer un « plan d’actions » qui pourra le cas échéant être transmis au pouvoir politique en vue d’une possible mise en œuvre.

De tels plans ont mis en évidence là où doivent être conduites des actions prioritaires afin de populariser et finalement développer une politique de prévention efficace.

Parmi ces priorités, on retrouve en particulier les initiatives suivantes :

  • Développer une culture préventive pratique tout au long de la scolarisation (de 3 à 18 ans).
  • Impliquer les citoyens via le tissu associatif, les collectivités territoriales, les services de santé au travail des entreprises, les professionnels de la restauration, l’assurance maladie et les complémentaires santé.
  • Sensibiliser davantage tous les étudiants des filières santé comme cela a commencé avec le « service sanitaire ».
  • Mobiliser (et rémunérer) les professionnels de santé, médecins, infirmiers et pharmaciens bien sûr mais également tous les professionnels et travailleurs sociaux, sur des programmes pratiques auprès de groupes de malades ou de populations à risque.
  • Se servir du « numérique en santé » autant pour développer de nouveaux services au patient (accès à l’information, forum de discussion, programmes d’accompagnement …) que pour suivre mieux à l’échelle des territoires les éventuels sujets à risque et finalement produire des résultats cliniques.

On verra si la période post-Covid, qui semble s’ouvrir devant nous, permettra l’engagement attendu dans la prévention.

[1] Think Tank Economie de la Santé (2022). Prévention en santé : Créer un choc de cohérence et d’efficacité au plus près des citoyens en clarifiant le partage des responsabilités.

Institut Montaigne (2018). Priorité Prévention : 25 mesures pour agir.